Service aux femmes ayant des comportements violents en contexte conjugal, l’expérience du Centre Ex-Equo

Par le Centre Ex-Equo

C’est en janvier 2010, lors d’une rencontre avec différents intervenants du milieu communautaire et public qu’une discussion fut entamée concernant les clientèles non desservies en violence conjugale soient : les femmes auteures de violence, les hommes subissant de la violence et les hommes et femmes homosexuel(le)s. Suite à cette rencontre et après consultation de son équipe, le Centre Ex-Equo décidait d’offrir à titre expérimental le service aux femmes auteures de violence et/ce principalement dans la région de Saint-Georges et les environs. 

Assez rapidement et malgré peu de publicité, il y eut de la référence. Nous avons ainsi accueilli  nos premières clientes dès le mois de février 2010. À ce jour, nous comptons 84 femmes ayant intégré nos programmes et le service est maintenant offert sur tout le territoire.

Oui, nous sommes un organisme consacré aux hommes, mais nous voulons traiter des violences conjugales dans leur ensemble. Il n’y a pas d’un côté des femmes victimes et de l’autre des hommes victimes, il y a des violences conjugales avec des personnes qui souffrent.

Nous recevons des appels de femmes qui se reconnaissent comme actrices dans les violences conjugales envers leur conjoint. Celles-ci ont développé des traits de personnalité particuliers : incapacité à supporter la frustration, recherche de perfection, quête d'amour perpétuelle, caractère colérique, tendance à tout vouloir contrôler...

Notre expérience nous permet aujourd’hui de vous partager quelques observations au regard de cette clientèle :

  • Les stratégies adoptées par les femmes sont souvent les mêmes que les hommes en général.
  • Chez les couples lesbiennes, on remarque une double domination. De plus, la violence physique est présente à un niveau important et la violence psychologique  est raffinée.
  • Il est difficile chez la femme qui se dit violente de bien évaluer sa responsabilité puisqu’elle tombe souvent dans la justification et se convainc rapidement d’être celle qui provoque la crise. La femme adopte plus facilement un rôle de sauveuse donc prend la responsabilité  des conflits dans le couple.
  • Souvent, les femmes qui se présentent comme agresseurs ont été d’abord victime et ont ainsi appris à transiger leurs conflits dans la violence, elles adoptent donc ce mode relationnel.
  • Les femmes ont tendance à évoluer plus rapidement en thérapie, étant plus ouvertes à l’intervention et davantage à l’écoute de leurs émotions. Pour cette raison, le suivi thérapeutique est moins long.
  • Certaines femmes sont à la fois  agresseurs et victimes par moment donc elles devraient parfois consulter en violence, mais aussi recevoir de l’aide parce qu’elles sont victimes. La femme qui consulte devrait choisir l’intervention à privilégier pour elle.

[Texte pour l’à cœur de jour – février 2017]