Agir contre les violences conjugales et familiales: recommandations pour une meilleure collaboration entre le système judiciaire et les services psychosociaux

Québec, le 24 janvier 2018 – Alors qu’en 2015, les infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal ont fait 19 406 victimes au Québec (ministère de la Sécurité publique, 2017), il apparaît urgent d’agir contre ces violences. C’est dans cette perspective que l’association à cœur d'homme - Réseau d'aide aux hommes pour une société sans violenceréclame un meilleur arrimage entre le travail des corps de police, du système judiciaire et des services d’aide psychosociaux afin d’offrir un suivi plus étroit envers les auteurs de violences conjugales et familiales.

 

Dans son document Recommandations concernant la judiciarisation en matière de violence conjugale et familiale, rendu aujourd’hui public, l’association à cœur d’homme – qui regroupe 28 organismes communautaires québécois  venant en aide aux hommes aux prises avec des comportements violents en contexte conjugal et familial – souhaite améliorer les interventions faites auprès des auteurs de violences. « Nous recommandons de développer et de consolider des services psychosociojuridiques, en collaboration avec les organismes membres d’à cœur d’homme, destinés aux personnes accusées de violences conjugales et familiales qui seraient offerts le plus tôt possible après l’arrestation. En effet, les services d’aide offerts par nos organismes permettent aux hommes auteurs de violences, grâce à des programmes d’intervention structurés visant la responsabilisation de leurs comportements, à cesser ces comportements violents. Offrir de l’aide psychosociale aux auteurs de violences dès le début du processus judiciaire et améliorer la circulation des informations entre les différents intervenants pourraient grandement accroître la sécurité autour des victimes. Nos intervenants étant spécialement formés à évaluer la dangerosité, cette façon de faire pourrait permettre de détecter rapidement et de prévenir les risques d’homicides conjugaux et familiaux. L’application de nos recommandations pourrait aussi permettre de réduire les bris de probation et les récidives d’actes de violences. Cela permettrait de situer l’intervention au début du processus judiciaire, de reconnaître le vécu de la personne, de mieux assurer la sécurité des personnes impliquées et de solliciter une meilleure collaboration », explique Valérie Meunier, présidente d’à cœur d’homme. « À l’heure où l’arrêt Jordan a pour effet d’annuler certains procès concernant des allégations de violences conjugales et familiales, il est pourtant nécessaire d’agir. L’application de nos recommandations pourrait permettre aux auteurs de violences rencontrés par les policiers d’être directement référés à nos organismes ou à d’autres services d’aide appropriés, une façon de contribuer à éviter la répétition de ces violences. Il faut souligner qu’un auteur de violences isolé est une personne à risque et que la problématique des violences conjugales et familiales est complexe. L’intervention psychosociale visant l’acquisition de comportements sains et sans violences est en ce sens primordiale », ajoute Rémi Bilodeau, directeur général d’à cœur d’homme.

 

à cœur d’homme a réalisé près de 40 rencontres de présentation des Recommandations concernant la judiciarisation en matière de violence conjugale et familiale auprès de plus de 150 personnes représentant des organisations clés du domaine judiciaire, parajudiciaire et psychosocial, dont les ministères de la Justice, de la Sécurité publique, de la Santé et des Services sociaux et du Secrétariat à la condition féminine. « Nous demandons que nos recommandations fassent l’objet d’une véritable orientation gouvernementale et que les ressources financières nécessaires y soient attribuées. Alors que la ministre de la Condition féminine a annoncé, le 21 décembre dernier, la création d’un nouveau plan d’action en matière de violence conjugale, nous espérons que nos recommandations orienteront le gouvernement. Il est nécessaire de prendre en compte qu’en matière de violences conjugales et familiales, intervenir auprès des auteurs de violences fait aussi partie de la solution », ajoute Rémi Bilodeau.

 

Les Recommandations concernant la judiciarisation en matière de violence conjugale et familiale sont disponibles en ligne, à l’adresse suivante : http://www.acoeurdhomme.com/recommandations-concernant-la-judiciarisation-en-matiere-de-violence-conjugale-et-familiale-0