«La violence, un cycle à briser» - Article de La Terre de chez nous

Rabaisser, insulter, intimider, manipuler, bouder, humilier, dévaloriser et faire du chantage, cela blesse les autres et crée un climat de tension malsain au sein de la famille ou du couple. 

Selon l’Institut national de la santé publique du Québec, la violence physique est la plus médiatisée, mais différentes formes de violence – psychologique, verbale, sexuelle et économique – peuvent être utilisées pour contrôler les victimes. Les violences verbale et psychologique sont les plus répandues. En voici des exemples, d’abord d’un homme envers sa conjointe et puis, d’un fils envers son père : 

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« Tu le sais que quand j’arrive de dehors, j’aime ça que le repas soit dans mon assiette. T’es même pas capable de faire ça. Il me semble que c’est pas compliqué, ça prend pas la tête à Papineau! J’aime ça écouter les nouvelles et avoir la crisse de paix. Ben non, pas capable de fermer ta gueule. T’es innocente ou quoi? » 

« Depuis que j’suis tout petit que je travaille dans la ferme. Je t’ai demandé une augmentation de salaire; ben non, t’as encore répondu que t’étais pas capable. T’as pas vu que c’est moé qui fait toute astheure! Ben, tu vas voir, tabarnak! À partir de maintenant, j’te parle pus, pis tu t’arrangeras avec le train. Tu veux pas me payer? Ben tu vas voir ce que j’suis capable de faire! Pis ça va être juste de ta faute! »

La violence en contexte familial et conjugal fait de gros ravages. Elle laisse chez les victimes des traces difficiles à effacer. Si les marques physiques peuvent s’estomper en quelques jours, les marques intérieures peuvent persister pendant très longtemps. Aucune classe socio-économique, aucune communauté n’est à l’abri de cette violence.

Aider les hommes violents

Ce sont majoritairement des hommes qui commettent ces gestes violents. Cela peut être autant un père de famille vivant une situation difficile qu’un avocat, un gérant de caisse, un agriculteur, un manœuvre, etc. Ces hommes ne suscitent habituellement pas beaucoup d’empathie. Et pourtant, eux aussi ont besoin d’aide. 

Pour l’association À cœur d’homme, « intervenir auprès des hommes… ça fait aussi partie de la solution ». Elle croit en la capacité des hommes à changer. Pour briser le cycle de la violence, il apparaît impératif d’aider ces hommes à reconnaître leurs comportements violents et à développer des moyens pour gérer leur colère, leur agressivité et leur impulsivité.

Est-ce que les hommes violents vont chercher de l’aide? Lorsqu’ils le font, c’est souvent parce qu’ils y ont été contraints, par un juge, par les services sociaux ou à la suite d’un ultimatum de leur conjointe. Certains vont dire : « Je ne vais pas dans ces organismes; c’est juste pour les batteurs de femmes. » Mais une fois arrivés dans le groupe, ils se rendent compte qu’ils sont à leur place… 

Un travail sur soi, à l’aide d’un groupe uni par la problématique commune de la violence, va alors s’amorcer. Les hommes y apprennent entre autres à utiliser l’outil « time out » ou « temps d’arrêt ». S’ils sentent des signes précurseurs, ils font le choix de se retirer plutôt que de péter une coche.

Les organismes membres d’À cœur d’homme interviennent auprès de 8 000 hommes au Québec. Peu de producteurs agricoles consultent, selon Rémi Bilodeau, directeur d’À cœur d’homme et ancien agriculteur. Pour cette association, il faut relayer le message que « d’aider les hommes violents à s’en sortir peut prévenir des drames ». 

Pour plus d’info : bit.ly/acoeurdhomme

Source : La Terre de chez nous